Jihan, 40 ans, institutrice. Origine : Syrie
« Dans mon pays j’étais institutrice. Mon mari aussi. Nous avons quatre enfants, trois garçons et une fille. Je suis venue seule en Belgique car le voyage est long et risqué. J’ai donc décidé de partir en éclaireur. On appelait la Syrie le pays du jasmin, pour en évoquer la beauté. Avant la guerre nous étions en train de monter notre petite entreprise familiale mon mari et moi. J’ai mis toute mon énergie dans l’éducation de nos enfants. Nous appartenions à la classe moyenne, nous avions une maison et une voiture. Puis la situation est devenue invivable, la nourriture a commencé à manquer. Nous avons essayé de tenir le coup le plus longtemps possible mais là-bas il n’y avait aucune forme d’aide. Les terroristes entraient dans les maisons et tuaient au hasard. Les gens commençaient à cacher de la nourriture, par exemple à l’intérieur de téléviseurs. Mais si vous vous faisiez prendre vous étiez brulé vif sur la place, afin de servir d’exemple. Et l’eau était souvent empoisonnée. Nous vivions dans la peur. Bien sur j’aimerais retourner là-bas mais je sais que ça ne sera pas possible. La seule chose à laquelle je pense à présent est un avenir pour mes enfants et que nous soyons à nouveau réunis. »
PS : Jihan refuse de se faire photographier mais propose de faire le portrait de sa nièce de 2 ans, arrivée en Belgique il y a quelques semaines avec son père Ahmed, le cousin de Jihan.