Monsieur Vervoort,
Monsieur le Ministre-Président,

Il y a maintenant de nombreuses semaines, fin septembre, vous annonciez le déblocage de 500.000 euros « pour la prise en charge de sans-papiers du parc Maximilien ». Annonce dont les médias avaient fait largement écho. Etait-ce davantage la recherche d’un effet d’annonce qu’une réelle volonté de rendre la réalité des acteurs de terrain et des résidents du parc moins difficile ? Était-ce davantage la recherche d’un écho médiatique sachant que votre promesse devait encore être avalisée par votre gouvernement ?

Il y a quelques semaines, le Conseil communal bruxellois votait la location et la mise à disposition d’un bâtiment à destination des migrants du parc Maximilien. Annoncée pour le 1e novembre, cette ouverture n’allait, nous le savions, vous, nous et tous ceux qui s’intéressent un peu à la problématique qui nous occupe, pas avoir lieu – au mieux – avant le 15 novembre, soit la date du début du plan hivernal.

Aujourd’hui, 17 novembre, si nous pouvons théoriquement disposer dudit bâtiment, nous sommes confrontés à d’énormes difficultés logistiques : les lieux ne sont pas équipés en sanitaires et ils ne sont pas sécurisés. Une présence sur place est nécessaire pour la gestion quotidienne de l’espace (dortoir, repas, …). Nous sommes, vous le savez, des membres de la société civile qui œuvrent à titre totalement bénévole, qui avons des vies familiales, professionnelles ou estudiantines à mener et nous ne disposons pas davantage de moyens pour encadrer l’accueil dans ce bâtiment.

Nous sommes le jouet de desseins politiciens

Une fois de plus, nous – et quand nous disons « nous », nous parlons des migrants et des milliers de citoyens bénévoles mobilisés pour les secourir – sommes le jouet de desseins politiciens qui occupent la quasi-totalité du temps des politiques belges en matière de lutte contre la grande pauvreté et d’accueil des migrants.

Nous ne pouvons malheureusement pas nous contenter d’un effet d’annonce et réclamons votre intervention urgente afin de garantir la mise en place d’un centre d’accueil offrant un minimum de dignité.

Des centaines de foyers, des milliers de citoyens contemplent chaque jour le lamentable spectacle, résultat des politiques migratoires belges et européennes inhumaines, tout en continuant, inlassablement, à faire ce qu’il faut pour que notre pays garde sa fierté et sa dignité.

Nous continuerons à accueillir, secourir, soigner, nourrir et loger des gens que les pouvoirs publics refusent de prendre en charge, uniquement par manque de courage politique

Nous refusons qu’au nom d’un électorat jamais tiré vers le haut, des êtres humains soient maltraités et renvoyés vers des dictatures avérées. Nous continuerons à accueillir, secourir, soigner, nourrir et loger des gens que les pouvoirs publics refusent de prendre en charge, uniquement par manque de courage politique.

Nous continuerons à défendre les droits les plus élémentaires de tout être humain et nous vous enjoignons à nous soutenir, au risque, peut-être, de perdre quelques voix électorales.

Nous espérons de vous et des moyens que vous mettrez à notre disposition : des installations sanitaires dignes ; une sécurisation de l’espace ; les moyens de l’encadrer ainsi que les outils de gestion humains et matériels.

Et si nous sommes exigeants avec vous, c’est avant tout parce que nous le sommes avec nous-mêmes. Nous le sommes dans la mise en place de tous ces petits moyens qui nous permettent de pallier, nous-mêmes, une fois de plus, de manière insuffisante, mais humaine au moins, les incuries de ceux qui nous dirigent.

Alors Monsieur Vervoort, Monsieur le Minsitre-Président, de quel côté serez-vous quand l’histoire se souviendra de Bruxelles en 2017?

Allez-vous nous soutenir, nous, citoyens qui aujourd’hui et depuis plusieurs mois maintenant, offrons le gîte, la protection, la sécurité et la dignité à ceux que personne ne veut prendre en charge ?

Publié sur la RTBF, le 17 novembre 2017