Les organisations de terrain sont confrontées au quotidien aux conséquences inhumaines et indignes du manque de place d’hébergement. Même si des efforts ont été faits par les autorités fédérales et régionales, nous constatons qu’ils sont insuffisants. Or, nous sommes convaincus -et nous l’observons- que l’hébergement 24H/24 et 7J/7 améliore très nettement le prise en charge sociale, psychologique et médicale, et dès lors la perspective d’une sortie du sans-abrisme.
Nous demandons des places d’hébergement en suffisance, pour que tous et toutes soient à l’abri des conditions météorologiques qui se dégradent mais aussi en mesure de respecter les règles de confinement dans le cadre de la pandémie de COVID-19.
En direct du terrain
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La Plateforme citoyenne
La Plateforme Citoyenne propose une solution d’hébergement à 420 hommes grâce à des conventions établies avec des hôteliers bruxellois depuis le début de la pandémie de Covid-19. En moyenne, 45 femmes sont hébergées chaque jour à la Sister’s House, le dispositif d’hébergement et d’accompagnement socio-médico-social pour femmes migrantes sans-abri.
- Les équipes de maraudes effectuent des tournées quotidiennes dans la zone de la gare du Nord pour apporter de l’information aux personnes sans solution d’hébergement et établir les priorités d’hébergement. Depuis fin septembre, plus de 500 attestations de non hébergement ont été distribuées pour protéger les personnes à la rue des sanctions liées au non-respect du couvre-feu.
- Sur 548 personnes rencontrées depuis le 27 septembre, plus de 300 personnes sont en attente de recevoir une place en hébergement d’urgence.
- Les équipes sont confrontées à la violence de l’annonce du manque de place, entraînant une frustration croissante ressentie tant par les personnes en attente d’hébergement que par les équipes sur le terrain. L’accès à l’hébergement est devenu un choix schizophrénique des travailleurs de première ligne, sur base d’un calcul de vulnérabilités cumulées, et ce dans des conditions météorologiques plus compliquées chaque jour.
- Cette situation a un impact sur la prise en charge des bénéficiaires et sur la qualité de l’accompagnement social qui leur est proposé : perte de contact, impossibilité d’assurer un suivi qualitatif, frustrations traduites en agressivité contre soi ou contre les autres, sentiment d’injustice ou d’abandon, incompréhension et difficultés de poser un cadre de suivi et d’accompagnement rassurant.
Médecins du Monde
A Bruxelles, Médecins du Monde travaille en première ligne d’accès de médecine générale sur le Hub humanitaire, au Médibus et dans plusieurs centres d’hébergements d’urgence. Elle intervient en 2ème ligne au CASO (centre d’accueil, de soins et d’orientation) pour la prise en charge médicale et sociale des personnes les plus vulnérables.
- De mars à fin novembre, sur les 447 personnes rencontrées lors des consultations médicales du Médibus, plus de la moitié (58%) était sans-abri et dépendait donc entièrement des places en hébergement d’urgence, qui sont saturés.
- Médecins du Monde constate ces derniers mois, une nette augmentation des problèmes de santé physique et mentale que nous ne parvenons pas à adresser en rue. Et nos équipes, qui n’ont pas de solutions à proposer aux personnes, sont mises à mal.
- L’attente est trop longue pour trouver une place d’hébergement (parfois jusqu’à 4 semaines) où il/elle pourra bénéficier d’un suivi médical et social. Le manque de places crée une prise en charge médicale tardive. Et ceci alors que 46% de nos patient.e.s souffrent de maladies chroniques et n’ont pas d’accès aux soins de santé.
- Or ces derniers mois, la mise à l’abri des personnes 24/24 et 7j/7 et le maintien de l’ouverture des centres ont permis un meilleur accompagnement vers une sortie de la rue et des démarches médico-sociales durables ont pu être entreprises avec elles.
Médecins Sans Frontières
MSF travaille en première ligne au Hub humanitaire où nous prodiguons des soins de santé mentale. MSF travaille également en deuxième ligne avec des consultations psychologiques et psychiatriques.
- Depuis le début de l’année 2020, MSF a conduit 1180 consultations en santé mentale au Hub humanitaire ainsi que dans sa clinique de seconde ligne.
- Chaque jour, nos équipes font face aux conséquences du manque d’accès au logement qui se traduisent parfois par des actes désespérés. Une augmentation des tentatives de suicide, d’automutilation, de stress et une peur intense a été objectivée ces dernières semaines. Nous tirons la sonnette d’alarme.
- Ces préoccupations du personnel MSF sont d’autant plus fortes dans un contexte de pandémie mondiale. Il est temps de donner un accès inconditionnel aux soins de santé, y compris les soins de santé mentale, ainsi qu’au dépistage dans le cadre du COVID pour tous les groupes vulnérables; l’augmentation des places d’hébergement d’urgence est un préalable indispensable.
Contact presse : Mehdi Kassou, porte-parole – +32 472 44 47 26